Petit historique des Oustachis

1919 - Le royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes.

Le royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes est créé en 1919 au profit de Pierre Ier. Les traités de Neuilly-sur-Seine, de Saint-Germain-en-Laye, de Trianon et de Rapallo fixent ses frontières (1919-20) et il est doté d'une Constitution centralisée et parlementaire (1921).

Alexandre Ier (1921-1934) établit un régime autoritaire. Sous son règne, le pays prend le nom de "Yougoslavie" en 1929. Les Croates s'opposent au centralisme serbe et créent la société secrète "Oustacha" (1929), dont le principal leader est Ante Pavelic, le futur 'Povlagnik' (chef) de la Croatie en 1941.

Alexandre Ier est assassiné à Marseille en 1934. Son frère Paul assume la régence au nom de Pierre II. Le régent Paul adhère au pacte tripartite de l'Axe en 1941 mais il est renversé par une révolution à Belgrade.

Pierre II passant ses troupes en revue

1941 - La Croatie indépendante des Oustachis.

La Seconde Guerre mondiale bouleversa à nouveau les cartes. Anéantie par l'offensive germano-italienne, la Yougoslavie fut démembrée par les forces de l'Axe.

La Croatie devint en avril 1941 un état indépendant sous contrôle des puissances occupantes, dirigé par Ante Paveliç, proclamé poglavnik, c'est-à-dire chef, et ses oustachis. Protégé par Hitler et Mussolini, le nouvel État croate, régime autoritaire, mena une politique de répression qui frappa toutes les nationalités et prit souvent des allures de génocide. Serbes, Juifs, Tsiganes, Musulmans furent pourchassés lors d'incroyables massacres et enfermés dans des camps de concentration installés sur le territoire croate. Les estimations les plus sérieuses de l'après-guerre firent état de la mort d'environ 300 000 Serbes.

Les excès des oustachis, qui exaspéraient jusqu'aux dirigeants de Berlin, rejetèrent dès 1942 une majorité de Croates dans les rangs de la résistance que dirigeait Tito, croate lui aussi, et à laquelle ils fournirent une grande partie de ses troupes. Le régime oustachi s'effondra en 1944 et la libération de la Croatie par la résistance yougoslave donna lieu à des représailles sanglantes. Les Serbes ne devaient guère oublier cet épisode et gardèrent une certaine forme de ressentiment envers ce qu'ils considéraient comme une trahison croate.

Carte de la Croatie au temps des Oustachis.

La Croatie en 1941 à l’avènement des Oustachis comprend la Bosnie-Herzégovine actuelle, une partir de la Serbie (jusqu’à Zemun) et une grande partie de la Croatie actuelle, sans l’Istrie, la région de Fiume, les îles dalmates, et la côte Dalmate. Ces dernières zones sont cédées à l’Italie, mais réintègrent la Croatie en 1943.

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Les armoiries de la Croatie des Oustachis.

Les armes de la Croatie, échiquier argent et rouge, furent à l’origine utilisées par les rois Croates de l ‘époque médiévale. Elles sont attribuées à Demeter (d. 1089). Ce symbole de l’échiquier remonte avant que l’on ait les premiers écrits sur l’histoire croate, càd avant le 7ème siècle. La légende dit qu’un roi croate fait prisonnier par les Vénitiens gagna sa liberté en jouant 3 parties d’échec avec son geôlier.

Au 9ème siècle, les Croates forment une entité politique, et en 929, leur chef prend le titre de roi. En 1102, la crise de succession est résolue en choisissant le souverain hongrois comme roi des croates, rôle qu’il joua jusqu’à la conquête turque en 1526. En 1525, dans des circonstances non encore élucidées, l’échiquier argent et rouge est adopté, et représenta les armes de la Croatie jusqu’à la chute des Habsbourg en 1918. Elle furent utilisées par le régime Oustachis entre 1941 et 1945.

Contexte de la lutte anti-fasciste 

L’occupation Allemande devait lutter contre quelques groupes de résistance en Croatie. Cependant, dans les véritables fractions yougoslaves, les partisans étaient divisés en 2 groupes principaux.

Le premier connu sous le nom de Cetniks (issu du parti des paysans dont le président avait été assassiné dans le parlement de Belgrade) dirigé par Draza Mihailovic, et son armée était sous le commandement du major Karel Novak.

Le second était un groupe de communistes sous le commandement de Josip Broz, plus connu sous le pseudonyme de Tito.

Les relations entre les 2 groupes se sont tellement détériorées au cours de la guerre, que les Cetnik crurent que les communistes étaient plus dangereux que les occupants, et ils participèrent activement aux opérations contre les partisans de Tito. Le contexte était d’autant plus exacerbé par l’antipathie de Staline vis à vis de l’indépendantisme de Tito. Tito n’était pas seul pour autant. Il avait impressionné suffisamment Eisenhower pour qu’il puisse profiter de l’aide des américains et des anglais. Ce fait explique le rapport des alliés après la guerre sur la Yougoslavie : " Durant la seconde guerre mondiale, le mouvement communiste partisan, sous la direction de Josip Broz Tito, pris militairement et politiquement le contrôle du pays. Le régime post-guerre de Yougoslavie, contrairement à ceux de la Bulgarie ou de la Roumanie, est arrivé au pouvoir suite à des raisons internes et quasiment sans l’assistance de l’Union Soviétique".

Durant la 2ème session du l’AVNOJ (Conseil Anti-Fasciste de Libération National de la Yougoslavie), les 29 et 30 novembre 1943 à Jajce (Bosnie), le gouvernement provisoire révolutionnaire de Yougoslavie fut créé, et Tito fut nommé commandant suprême de l’AVNOJ avec le rang de Maréchal de Yougoslavie.

Après leur victoire en 1945, ils mirent en place un état fédéral de 6 républiques (Slovénie, Croatie, Bosnie, Monténégro, Serbie, Macédoine) et 2 régions autonomes au sein de la Serbie (Voivodine et Kosovo).

Major Karel Novak

Maréchal Josip Broz Tito en 1942